mercredi 31 août 2016

Efficience dans le sanitaire et le médicosocial

Ce mot est une injure lorsque tu l'évoques dans certains milieux professionnels mais être efficient se résume parfois à travailler intelligemment. J'ai une copine qui est ASH (Agent de service hospitalier) et une de ses tâches quotidiennes consiste à faire le ménage dans les chambres des patients ou des résidents. On lui a expliqué, que, pour des raisons de traçabilité, elle devait chaque jour utiliser une application informatique dans laquelle elle trouve la date, les numéros de chambres et une liste de tâches à cocher. Elle renseigne cette application en assurant que, dans la chambre 207, elle a bien nettoyé consciencieusement les barres d'appui dans les toilettes, les sols, les sanitaires, etc. (une demi douzaine d'items) et elle recommence pour la chambre 208, etc. Sachant qu'elle doit prendre en charge une douzaine de chambre, elle passe au moins un quart d'heure chaque fin de journée à cette occupation.
Serait-elle une mauvaise professionnelle, comme on pourrait le croire avec ce contrôle qui n'a aucune valeur soit dit entre nous puisque rien ne l'empêche de cocher une rubrique en ayant fait le travail à moitié ?
Si toi, chef, tu t'es assuré une fois pour toute que cette personne est compétente et que tu as confiance en elle, quel est l'intérêt de ce travail qui lui retire un quart d'heure de temps à passer auprès des patients et résidents ?
Et tu veux améliorer le bien être des clients ?
Ah bon !
    

samedi 27 août 2016

Entreprises et systèmes vivants : souplesse et adaptabilité (saison 4)



Il faut prendre très tôt de bonnes habitudes, surtout celles de savoir changer souvent et facilement d’habitudes.
Pierre REVERDY.
L’adaptabilité est donc d’abord une affaire de changement (de capacité à changer) mais aussi une affaire d’écoute du milieu environnant et de connaissance de ses évolutions. Plus les changements de l’environnement sont rapides et plus la capacité à changer doit être importante et entretenue. Cependant, attention, les changements peuvent être insidieux − c'est-à-dire tellement faibles qu’ils ne sont pas perceptibles − et s’étaler sur un très long terme. En cela, ils peuvent générer dans le temps des modifications importantes de l’environnement. Tu connais l’histoire de la grenouille que l’on sort de son bocal où l’eau est à bonne température (mettons 14 degrés) et que l’on jette dans un autre récipient dont la température du liquide avoisine les 30 degrés. C’est un rude changement pour cette pauvre bestiole n’est-ce pas ? Naturellement, elle va réagir et cela d’autant plus vigoureusement que la différence entre le premier bocal et le second est élevée. Elle va sauter, s’agiter, bref tenter de se sortir de cette situation. 
Imaginons une seconde grenouille qui vit dans les mêmes conditions que la première (un bocal avec une eau à 14 degrés).
- Pardon, que me dis-tu ? Qu’est devenu l’animal ?
Oui, il s’en sort rassure-toi, je ne veux pas d’ennuis avec les associations de défense des animaux. Elle a vécu très longtemps et à engendré des kyrielles de petits têtards.
Mais revenons à notre second batracien. Quelqu’un de mal intentionné (ce n’est pas moi, c’est seulement une hypothèse) chauffe doucement le bocal afin que la température de l’eau augmente insensiblement d’un degré toutes les heures. 
Sais-tu ce qu’il arrivera si l’on poursuit cette expérience ?
Au bout de quelques jours, la grenouille mourra car le milieu environnant (l’eau à trente degrés) n’est pas compatible avec son métabolisme. Elle n’a pas perçu le changement et n’a pas réagi.
Pardon ?
Non, non elle ne meurt pas. Elle tombe dans le coma mais elle sera réanimée. Elle s’en sortira elle aussi.
     

mercredi 17 août 2016

Petite digression estivale : une organisation performante



Une petite digression pour te raconter une aventure d’été chez un concessionnaire automobile dont je tairai la marque car je suis client chez lui et je crains les représailles.
L’ouverture centralisée de la voiture de ma chère épouse ne fonctionnant plus, je profite d’un trajet dans la (encore pour l’instant) capitale régionale pour acheter une pile à la concession. C’est samedi matin et le jeune mécano de service, avenant et serviable, m’explique que j’ai de la chance car la pile qui va bien est en stock. Il me demande l’immatriculation de la voiture. Cela m’étonne un peu mais bon, je lui réponds que je ne l’ai pas mais comme je suis client chez eux, mon nom doit certainement figurer dans ses archives informatiques. Il consulte l’ordinateur qui, me dit-il, est toujours lent à se réveiller. En effet, nous attendons cinq bonnes minutes avant que la machine daigne se manifester.
-   - Je mets moins de temps pour changer les plaquettes de frein d’une voiture que pour éditer une facture, ajoute-t-il.
Enfin, il me repère dans la mémoire et m’explique qu’il doit créer un ordre de réparation.
-  - Pour une pile ? m’étonnai-je.
-  - Oui on ne peut rien vendre sans un ordre de fabrication.
Il élabore ledit document, l’imprime en 3 exemplaires et me demande d’un signer un.
Je m’exécute. Il va chercher une pile dans le stock l’insère dans la clé (en 30 secondes, je tiens à le préciser) et s’informe de ma manière de régler la facture.
-   - Comme cela vous arrange. C’est combien ? Me renseignai-je.
-   - Je vais voir.
Nouvelle consultation de la machine.
-   - 8,40 euros.
-   - J’ai de la monnaie. En espèces ?
Je lui tends un billet de dix.
-   - La caisse n’est ici, il faut passer au comptoir d’à côté.
Nous nous déplaçons d’une douzaine de mètres.
- Attendez une minute, il faut que j’édite la facture (trois exemplaires). 
Bien entendu, cela doit se faire à partir d’un autre poste (qui dort encore) et sur une autre imprimante (pas plus réveillée que son voisin). Pendant ce temps, il cherche la clé de la caisse qu’il trouve après avoir renversé quelques pots de stylos où elle était planquée. Je te rassure, il n’y avait que quelques pauvres pièces jaunes seulement, pas de quoi te sortir la nuit prochaine pour y faire un casse.
Il me trouva in extrémis un euro et soixante centimes de monnaie (je frissonnais rétrospectivement à l’idée que la caisse manquât de monnaie et qu’il eut fallu recommencer la procédure), me plia mon exemplaire de facture après l’avoir signée et tamponnée et me souhaita gentiment un bon week-end.
Temps passé : 25 minutes. Tu crois que cette concession fait une grosse marge sur la vente de piles toi ?
   

jeudi 11 août 2016

Entreprises et systèmes vivants : souplesse et adaptabilité (saison 3)



Si les gaulois sont ardents et prompts à entreprendre une guerre, pour supporter les désastres, leur esprit est mou et sans résistance.
Jules CESAR.
En général, l'adaptabilité s'avère antinomique avec l'adaptation. Il existe une loi en biologie - dite loi de Dollo - qui pose l'irréversibilité de l'adaptation à base génétique. Lorsqu’un être est adapté à son milieu et que cet état perdure très longtemps, son mode de fonctionnement adapté s’inscrit dans ses gênes et se reproduit ainsi sans besoin d’apprentissage. Il devient alors incapable de changer si son milieu se modifie et il disparait. On espère seulement que ce n’est pas arrivé pour nos entreprises mais on peut néanmoins se poser la question pour certaines d’entre elles. Toutefois, même si l’adaptation n’est pas inscrite dans les gênes, l'espèce qui s'est spécialisée à un milieu précis, se trouve fort dépourvue quand un changement est venu. Très adaptée, elle est devenue inadaptable. L'adage qu'on pourrait tirer de cette loi serait : "Être "fort" dans un milieu donné c'est être "faible" dans un milieu différent" et ce d'autant plus que la différence – le changement du milieu environnant − est importante.
Plus un être est adapté à son milieu et plus il doit faire d’efforts – dépenser d’énergie – pour répondre à des modifications de ce milieu.